Pourquoi devient-on agressif au volant ?

Les comportements agressifs au volant peuvent aboutir à des conduites dangereuses de la part des usagers qui expriment cette agressivité : non-respect des distances de sécurité, dépassement dangereux, excès de vitesse, baisse significative de l’attention portée à l’environnement. Il peuvent également impacter le comportement des personnes subissant l’agressivité des autres : précipitation, décisions dangereuses, baisse significative de l’attention, focalisation sur le comportement de l’usager agressif.

Concernant les capacités à manier et maîtriser le véhicule, un conducteur novice avec des difficultés de maîtrise de son véhicule peut ressentir un stress le poussant à exprimer une agressivité envers les autres, sources du danger.

Exemple : Je ne suis pas sûr de maîtriser mon démarrage en côte et je me mets en colère après le conducteur qui s’arrête trop proche de moi derrière.

La non maîtrise des situations de circulation (méconnaissance des règles, incompréhension du comportement des autres) peut également entraîner un stress entraînant l’expression d’une agressivité envers les autres.

Exemple : Je ne maîtrise pas bien les règles pour me placer dans un carrefour à sens giratoire et n’arrive pas à comprendre le comportement des autres usagers. Je vais alors ressentir une colère dès qu’un usager me surprend.

Selon les buts associés à la conduite, les autres usagers peuvent être un frein à l’atteinte de ce but.

Exemple : Je dois arriver à l’heure au travail et je suis parti légèrement en retard ce matin. Je vais ressentir du stress ou de la colère et exprimer de l’agressivité dès qu’un usager me ralenti ou me bloque, ce qui risque de m’empêcher d’atteindre mon but.

Le niveau supérieur concerne l’influence des projets de vie et des aptitudes de vie du conducteur : l’appartenance à un groupe social, les conditions de vie, la manière dont on a été éduqué, l’appartenance à une catégorie sociale, impacte la manière dont on se comporte sur la route.

Exemple : Si un conducteur a l’habitude de diriger dans le cadre travail, ou a l’habitude qu’on cède à ses désirs autant dans le cadre personnel que dans le cadre professionnel, le fait de dépendre des autres sur l’espace routier peut lui faire ressentir un stress ou une colère et le pousser à être autoritaire et agressif envers les autres (s’imposer, forcer le passage, klaxonner, etc.)

Exemple 2 : Un conducteur a choisi d’habiter loin de son travail pour pouvoir acheter une maison dans les moyens financiers dont il dispose. Ce conducteur peut s’obliger à compenser la perte de temps due à la distance en roulant plus vite et en essayant de gagner le plus de temps possible pour arriver chez lui ou à l’heure au travail.

Enfin, le cinquième et dernier niveau recensé dans la GDE concerne les pressions sociétales, économiques et professionnelles que peut subir le conducteur. Ces pressions peuvent être là encore à l’origine de stress et entraîner de l’agressivité dans les comportements de conduite.

Exemple : Des contraintes professionnelles comme un planning à tenir, un besoin de productivité poussé, une surcharge de travail, peuvent aboutir à des stress et des comportements agressifs sur l’espace routier.

Il faut comprendre que plus on monte dans les niveaux de la matrice, et plus l’impact est général.

Exemple : Subir une contrainte de temps dans le cadre professionnel peut jouer sur les représentations associées à la vitesse (facteur de performance) et donc sur les buts associés à la conduite (perdre le moins de temps possible pour être plus performant). La maîtrise des situations de conduite s’en trouve perturbée (refus de priorité, excès de vitesse, absence de courtoisie, non-respect des distances de sécurité et énervement quand d’autres usagers empêche l’atteinte du but). Ainsi, l’agressivité va également s’exprimer dans la manière dont on conduit le véhicule (gestes brusques, fortes accélération, freinage fort , etc.).

Cette externalisation du problème sur l’autre usager place le conducteur dans une situation dont il n’a pas le contrôle. Cette impossibilité à reprendre le contrôle alimente le stress et l’agressivité. Se met alors en place un cercle vicieux qui alimente crescendo l’anxiété, le stress et l’expression de la colère par de l’agressivité.

L’agressivité au volant est un phénomène qui ne cesse de gagner du terrain, souvent alimenté par le stress du quotidien et les conditions de circulation. Les effets de ce comportement sur la sécurité routière sont multiples et inquiétants. Entre la hausse des accidents, la mise en danger des autres usagers de la route et l’impact psychologique sur les conducteurs eux-mêmes, l’agressivité au volant s’impose comme une problématique majeure. Explorons ces effets pour mieux comprendre les enjeux liés à cette attitude sur les routes.

Parmi les comportements induits par l’agressivité, on retrouve le non-respect des distances de sécurité, les dépassements en situation dangereuse, les “queues de poissons”, les accélérations ou freinages brusques, l’utilisation abusive de l’avertisseur sonore ou des appels de feux, etc.

Ces comportements augmentent le risque d’accident car ils affaiblissent grandement la capacité des conducteurs à réagir aux situations imprévues. Le plus souvent, les allures ne sont pas adaptées et les distances insuffisantes pour s’arrêter en cas d’imprévu.

On ne peut pas traiter la question des comportements agressifs en conduite sans essayer de comprendre l’origine du comportement agressif. L’un des leviers les plus efficaces pour gérer l’agressivité ressentie est de travailler sur les compétences psychosociales du conducteur.

Ces compétences sont définies comme étant la capacité d’une personne à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne; autrement dit, la capacité d’une personne à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres, sa culture et son environnement.

Un travail intéressant à proposer aux conducteurs est de faire le lien entre l’existence du stress et l’expression de l’agressivité au volant. En utilisant la matrice GDE présentée dans cet article, il faut remonter à l’origine du stress responsable du comportement agressif : pourquoi je suis en retard, pourquoi je ressens un besoin d’aller plus vite, qu’est ce qui fait que je réagis mal aux situations compliquées en conduite, pourquoi je ressens autant de stress quand je suis sur la route ?

Bien souvent, l’origine des comportements agressifs sont à rechercher dans la gestion du temps chez les conducteurs. Est ce qu’on a prévu un temps de conduite suffisamment important pour ne pas être en retard? Est ce que j’ai prévu qu’il pouvait y avoir des bouchons? Est ce que j’ai prévu suffisamment de marge pour ne pas être en retard? Est ce que je me fixe des horaires impossibles à tenir?

L’origine des comportements agressifs peut aussi venir d’une difficulté générale à communiquer avec les autres. Travailler les compétences de communication permet de réduire les réactions agressives dans les situations d’incompréhension avec les autres.

Plusieurs régulations peuvent aider à éviter les situations qui nous stress au volant et peuvent nous rendre agressifs :

• prévoir un temps pour les imprévus sur un trajet (ajouter 20% de temps supplémentaire par rapport à la prévision du GPS).
• planifier les temps de trajet à l’aide d’un GPS en prenant en compte les conditions de trafic et les conditions météorologiques prévues.
•  favoriser les trajets collectifs, notamment le covoiturage (entre collègues par exemple dans le cadre du trajet domicile-travail); le fait de partager le trajet avec quelqu’un d’autre réduira grandement les effets dûs à des situations potentiellement stressantes.

Ce type de projection entraîne des réponses comportementales de défense, souvent agressives. Entrer en communication avec les autres usagers dans cette situation peut rapidement faire redescendre la pression.