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Quels sont les dangers des passages à niveau ?
Les passages à niveau sont un point sensible du réseau ferré de France. Les accidents sur les passages à niveau ont amorcé une baisse significative depuis 10 ans (le nombre d’accidents a été divisé par deux). Malheureusement, 2023 marque une rupture avec cette tendance : on constate une hausse de la mortalité sur les passages à niveau avec 122 accidents, 14 blessés graves et 30 décès (plus haut chiffre depuis 2019).
Qu’est-ce qu’un passage à niveau ?
Un passage à niveau est un point de croisement entre une voie ferrée et une route (ou un chemin piétonnier), situé au même niveau, c’est-à-dire sans que l’un des deux axes ne passe par un pont ou un tunnel. Ces passages permettent aux véhicules et aux piétons de traverser une voie ferrée.
Il existe plus de 18 000 passages à niveau en France dont un peu moins de 15 000 ouverts à la circulation. Sur les 15 000 passages publics, 12 000 sont équipés de barrières automatiques ou manuelles et 3 000 ne sont pas équipés de barrières.
Fonctionnement des passages à niveau
En France, il existe plusieurs types de passage à niveau :
- Les passages à niveau sans barrière, minoritaires, où le conducteur devra de lui-même s’assurer de la possibilité de passage. Ces passages à niveau sont situés sur des routes ou voies ferrées secondaires.
- Les passages à niveau avec barrière manuelle ou automatique, majoritaires, où le conducteur devra s’arrêter dans le cas où la barrière est baissée. On peut y trouver également un signal automatique (lumière clignotante rouge et sonnerie) dans la plupart des cas. Une barrière automatique est maintenue ouverte grâce à un moteur. Cela permet que la barrière se ferme ou reste fermée en cas de défaillance technique (panne par exemple).
Une locomotive est symbolisée dans le panneau de danger quand il s’agit d’un passage à niveau sans barrière. Dans le cas où le passage à niveau possède des barrières, une barrière est symbolisée dans le panneau à la place de la locomotive. L’ajout du panonceau “signal automatique” indique la présence d’une lumière rouge clignotante et d’une sonnerie à hauteur du passage à niveau.
De plus, des balises blanches avec des traits rouge en diagonale peuvent être implantées sur le bord de la chaussée afin de prévenir de l’arrivée du passage à niveau.
À hauteur du passage à niveau sans barrière, on retrouve la croix de Saint-André rouge et blanche sur fond gris. Elle peut être doublée dans les cas où il existe au moins deux voies à traverser. Cette croix est accompagnée d’un panneau STOP ou d’un signal lumineux rouge clignotant.
Pourquoi les passages à niveaux sont-ils dangereux ?
Chaque année, des accidents mortels sont à déplorer sur les passages à niveau. Le dernier accident mortel date tout juste du 28 août 2024. Les passages à niveaux sont particulièrement dangereux du fait de la difficulté d’un train à pouvoir éviter une collision ; à 80 km/h, un train a besoin de 800 mètres pour s’arrêter. Le danger vient principalement du comportement des usagers de la route. Le non-respect du Code de la route est constaté dans 98% des cas d’accident routier aux passages à niveau.
Quelles sont les erreurs humaines fréquentes ?
Les collisions à hauteur des passages à niveau impliquent majoritairement des véhicules routiers (85 collisions en 2023). Les cyclistes et les piétons sont également impliqués dans des collisions (24 collisions en 2023).
Les franchissements illégaux volontaires
Parmi les comportements humains observés en cas d’accident, on constate bien souvent le non-respect du signal d’arrêt avec un franchissement illégal des passages à niveau malgré les signaux automatiques et la fermeture des barrières de sécurité (passage en chicane). L’usager pense avoir le temps de passer et, ne voyant pas de train à proximité, s’engage sur le passage à niveau.
Les erreurs de conduite
D’autres accidents sont dus à des arrêts ou immobilisations involontaires sur les voies. À l’origine de ces immobilisations on retrouve plusieurs cas.
Le premier cas de figure est celui du véhicule qui s’engage sur le passage à niveau “ouvert” sans s’assurer d’avoir la possibilité de le franchir complètement. Par exemple, le véhicule de devant peut s’immobiliser juste après le passage à niveau dans l’attente de tourner à gauche, ou parce que le trafic est à l’arrêt devant. Dans ce cas, le conducteur s’engageant sur le passage à niveau est surpris par cet arrêt qu’il n’a pas anticipé. Il se retrouve à l’arrêt sur les voies avec, bien souvent, une impossibilité de se désengager par une marche arrière du fait de la présence d’un véhicule à l’arrière.
Un deuxième cas de figure est celui d’une difficulté à franchir le passage à niveau du fait du gabarit du véhicule. Cela peut être le cas pour des véhicules encombrant (comme certains utilitaires présentant une longueur importante) et des ensembles de véhicules (voiture tractant une remorque et poids lourds).
Les conducteurs de ces véhicules doivent anticiper la difficulté de croisement sur certains passages à niveau et ne pas s’engager si un autre véhicule est en approche pour franchir le passage à niveau.
Ils doivent également tenir compte du porte-à-faux si un changement de direction est prévu juste après le passage à niveau. En effet, le porte-à-faux amène le conducteur du véhicule encombrant à empiéter sur la voie de gauche quand il tourne. Si un véhicule arrive sur cette voie, le véhicule encombrant doit s’arrêter le temps que le véhicule passe ou le temps qu’il engage une manœuvre pour le laisser passer. Ainsi, le changement de direction peut obliger le conducteur à s’arrêter sur les voies si le conducteur n’a pas anticipé la situation.
Le troisième type d’erreur rencontré est la non-perception du signal d’arrêt (lumière, son ou barrière) par inattention. Cette non-perception peut être dû à l’usage de distracteurs tel que le téléphone portable. Elle peut aussi être due au phénomène de cécité cognitive, c’est-à-dire une incapacité du conducteur à percevoir de manière consciente ce qui pourtant est dans son champ de vision. Un test d’attention sélective permet de mettre en évidence ce phénomène de cécité cognitive. Cette cécité cognitive est particulièrement dangereuse dans le cas des trajets quotidiens, répétés.
Prenons un exemple : un conducteur franchit tous les jours un passage à niveau pour se rendre à son travail. À l’heure où il franchit ce passage à niveau, celui-ci est toujours ouvert. Un jour, ce même conducteur est amené à franchir ce passage à niveau en partant avec une demi-heure de retard à son travail. Sur le chemin, il pense à tout ce qu’il doit faire en arrivant pour rattraper son retard. Le cerveau du conducteur étant concentré sur l’organisation à venir du travail, la conduite se fait de manière automatisée, selon les schémas construits par habitude sur ce trajet. Il est alors tout à fait possible que le cerveau ne perçoive pas, ou perçoive trop tardivement le signal lumineux et la barrière abaissée.
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Quelles défaillances techniques peuvent survenir sur un passage à niveau ?
Les incidents techniques sur les passages à niveau sont extrêmement rares. Lorsqu’un train arrive à proximité d’un passage à niveau, il va activer un système de détection (pédale d’annonce) responsable du déclenchement du signal lumineux et sonore et de l’abaissement des barrières. Le déclenchement d’un second système, situé juste après le passage à niveau (pédale de réarmement), permet d’inactiver le signal automatique et d’enclencher la remontée des barrières.
Si ce système venait à subir une panne, les barrières ne resteraient pas en position ouverte. En effet, cette position ouverte est rendue possible grâce à un moteur qui maintient activement les barrières à la verticale. Si le moteur est en panne (par exemple en cas de coupure de courant), la barrière n’est plus maintenue ouverte et reste en position fermée (jusqu’au retour du courant).
En cas de fermeture prolongée d’une barrière, il ne faut pas s’engager en pensant que le système est en panne. Dans le doute, il faut contacter la SNCF par téléphone (en appelant le 3117) ou par message (en envoyant un SMS au 31177) qui vous indiquera la procédure à suivre et dépêchera des agents sur place.
L’environnement joue-t-il un rôle dans la survenue des accidents aux passages à niveau ?
Les conditions météorologiques et le profil de route, les infrastructures à proximité des passages à niveaux sont autant d’éléments qui peuvent entraîner une augmentation du risque sur les passages à niveau.
Les conditions météorologiques
Le manque de visibilité (par temps de pluie, de brouillard, la nuit, par éblouissement en soleil couchant ou levant) est un facteur de risque identifié dans la survenue d’accident aux passages à niveau. Dans l’analyse des risques relatifs aux passages à niveau, ces paramètres sont pris en compte pour définir la dangerosité d’un passage à niveau. Par exemple, les experts en sécurité ferroviaire s’intéressent au nombre de jours avec présence de brouillard sur l’année ou encore l’orientation du passage à niveau (les orientations est/ouest ou ouest/est favorisant le soleil rasant face au conducteur).
Le profil de route et les infrastructures
Le profil de route et l’infrastructure environnante sont également pris en compte dans l’analyse de la dangerosité des passages à niveau. Là encore, les experts en sécurité ferroviaire chargés d’évaluer les risques analysent la présence de bâtiment ou de panneaux d’affichage pouvant masquer le passage à niveau. Ils mesurent également la distance depuis laquelle le passage à niveau est visible par l’usager et comparent cette distance à la distance nécessaire pour qu’un véhicule roulant à la vitesse maximale s’arrête. D’autres paramètres comme la longueur de la traversée ou l’angle de la traversée ou encore la largeur de la chaussée sont également prise en compte pour mesurer le risque à hauteur du passage à niveau.
La méthode d’analyse des risques est consultable dans son intégralité dans ce guide publié en 2023 par l’établissement public de sécurité ferroviaire.
Quelles sont les mesures de prévention et de sécurité pour les passages à niveau ?
La diminution des accidents à hauteur des passages à niveau est une priorité en termes de sécurité pour l’état et SNCF réseau. Dans son rapport annuel daté de 2023, SNCF réseau récapitule les leviers majeurs d’amélioration des passages à niveau :
- le renforcement de la sensibilisation du public au respect de la signalisation routière aux passages à niveau (notamment via la réalisation de vidéos pédagogiques destinées au grand public pour améliorer la compréhension du risque.
- évaluer la criticité des passages à niveau pour mieux cibler les suppressions de passages à niveau et l’installation d’équipements d’amélioration de la sécurité (37 millions d’euros investis dans ce cadre en 2023).
- communication accentuée des passages à niveau par les aides à la conduite / GPS avec la mise en place de contrats (reconduite en 2023 du contrat avec Waze).
Quelles sont les mesures de prévention et de sécurité pour les passages à niveau ?
La réglementation est limpide concernant le franchissement des passages à niveau et la règle de priorité : l’article R422-3 du Code de la route impose la priorité absolue d’un au “matériel circulant sur la voie ferrée” et interdit à tout conducteur le fait de “s’engager sur un passage à niveau si son véhicule risque, du fait de ses caractéristiques techniques ou des conditions de circulation, d’y être immobilisé”.
La sanction encourue est une amende de 4ème classe (135€) et une réduction de 4 points sur le permis de conduire. Le conducteur risque également une suspension du permis de conduire ainsi que l’interdiction de conduire certains véhicules à moteur pour une durée de 3 ans maximum.
Afin de réduire les risques de non-respect de la signalisation à hauteur des passages à niveau, des radars de franchissement ont été installés sur les passages à niveaux les plus à risques. En 2022, on dénombrait 71 radars de franchissement sur les passages à niveau.
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